Il semble de plus en plus clair que les décideurs cherchent à décider autrement. L’autocratie (décider seul), la démocratie telle qu’elle est pratiquée habituellement (la majorité décide) sont, dans les entreprises et associations, insuffisantes pour diverses raisons : résistance au changement ; souffrances ; perte d’intelligence collective et en final baisse de performance globale (économique, financière, sociale, environnementale).

Il est de plus en plus admis que le consensus qui recquiert l’accord de tous démontre également ses limites.

Plusieurs approches aujourd’hui convergent vers l’idée d’un nouveau mode de prise de décision qui, s’il prend des termes différents, est de même nature. Il est intéressant de voir que ces approches, qui proviennent de courants différents, finalement convergent vers une décision qui semble partagée : il y a urgence à faire évoluer nos modes de prises de décision !

  • Will Schutz, psychologue et fondateur de l’Elément Humain, parle de concordance : « les membres de l’équipe de prise de décision sont en accord avec leurs attitudes, émotions et coeurs, pas seulement leurs intellects » – Human Element
  • Christophe Pacific, docteur en philosophie, nous a invité au dernier café éthique à développer le dissensus (ce que nous appellons les polarités en sociocratie) – ALEES

La sociocratie, mise au point par Gérard Endenburg, chef d’entreprise, parle de consentement : les membres de l’équipe de prise de décision explicitent qu’ils n’ont pas d’objection, c’est-à-dire qu’ils peuvent vivre avec, effectivement avec tout leur être : ils soutiendront la décision par leurs attitudes (et sortiront de réunion en disant « nous avons décidé » et non « ils ont décidé ») ; ils ont des émotions supportables (ils sont peut-être frustrés mais peuvent vivre avec l’imperfection de la décision) ; leur coeur et leur intelligence n’ont pas trouvé d’objection qui mériterait de refuser cette décision.

Cette pratique du consentement suppose effectivement une habileté à s’exprimer, à oser se confronter, à pratiquer le dissensus, à savoir s’écouter.

La structure sociocratique est un système qui, par nature, fait grandir ses membres dans la pratique de la décision collective.

Françoise Keller