Témoignage de Thomas Marshall, membre du Centre Français de Sociocratie.

Épisode 1

J’ai découvert l’association École de la Croisée des Chemins en mars 2013. Elle avait été fondée 8 mois plus tôt par Fleur Mathet-Jolly, avec le soutien moral de son compagnon et d’un collègue de sa formation de psychothérapeute dans l’approche centrée sur la personne (initiée par Carl Rogers). Ce dernier avait bien voulu co-signer des statuts déposés en Préfecture, il ne s’est pas impliqué par la suite.

Fleur était porteuse d’un projet d’école longuement mûri, suite à une dizaine d’années d’instruction en famille. Après avoir d’abord cherché à rassembler un groupe pour élaborer un projet commun, elle a pris la décision au printemps 2012 de démarrer seule, en espérant être rejointe ultérieurement. Cette étape a été importante en tant que prise de leadership, pour définir avec plus de clarté et préparer concrètement le projet spécifique dans lequel elle pourrait se retrouver à 100 %.

Fleur et moi accompagnons aujourd’hui cette phase d’émergence et de maturation personnelle dans le cadre d’un atelier de deux jours, intitulé « Créer l’école de mes rêves ». En effet, avant de se lancer dans une pareille aventure, en dehors des sentiers battus du système scolaire, il peut être bien utile de clarifier ses intentions, ses motivations, d’acquérir assez de conviction pour surmonter les obstacles, enfin d’identifier ses limites pour ne pas s’épuiser.

J’ai pu observer en tant qu’acteur comment certains projets collectifs sont handicapés dès leur création par la méfiance envers le leadership, se traduisant notamment par des intentions généreuses et floues, permettant l’agrégation consensuelle de projets individuels parfois incompatibles. L’illusion de l’unité laisse bientôt place à l’expression de batailles de personnes, correspondant en fait à des buts différents qui ne sont pas reconnus comme ayant leur place ou non au sein du projet collectif.

Opérer la clarification des intentions, motivations, limites personnelles, peut susciter d’un côté la peur de se retrouver seul avec un projet tellement personnel qu’il ne laisse pas la place à d’autres ou bien ne suscite pas leur intérêt. D’un autre côté, cela permet à d’autres de rejoindre le projet non pas pour suivre une personne, mais pour suivre la direction où elle va, en faisant eux/elles-mêmes l’effort de cette clarification personnelle.

Dans le projet de l’École de la Croisée des Chemins, cette étape s’est traduite par l’organisation de soirées de présentation publiques et d’une série de rencontres d’une durée d’une journée, ouvertes à toute personne intéressée. Un site internet présentait une première version du projet.

J’ai animé ces rencontres à la demande de Fleur, à la manière d’un « groupe d’amélioration » : Fleur y présentait l’avancement de ses démarches et elle sollicitait du groupe un enrichissement de la réflexion, l’apport de nouvelles propositions. L’utilisation de processus sociocratiques dans l’animation de ces journées permettait à la fois de traiter des points à l’ordre du jour et d’établir peu à peu des liens de confiance. Le premier cercle de prise de décision composé de 5 membres actifs a émergé pendant cette période. J’ai moi-même décidé de m’impliquer dans la réalisation de ce projet ; je m’y consacre à temps plein depuis août 2013.

La suite de nos expériences dans un prochain article…

Pour en savoir plus :

L’association a ouvert un lieu à Dijon en mai 2014, La Croisée des Chemins qui regroupe :

  • une école démocratique pour les jeunes de 4 à 19 ans
  • un centre de formation
  • un lieu d’activités pour tous

Nous utilisons des processus sociocratiques dans nos formations. Les prochaines prévues sont :

  • La boîte à outil du vivre ensemble + une soirée avec projection du film La sociocratie, une introduction,
  • Cursus de formation à la facilitation de l’apprentissage,
  • Accompagner les jeunes – vivre la relation,
  • Créer l’école de mes rêves.

Infos et contacts